« Les récits qui suivent sont autant de témoignages d’une époque, de la parenthèse enchantée des années 90 où tout semblait possible (…). Les années ont passé et on s’aperçoit que l’héritage le plus précieux que l’on garde, au final, ce sont les souvenirs. »
Extrait de la préface du livre écrite par Akhenaton (IAM)
Fin des années 90, le rap s’impose et sort de l’underground. À cette époque, les réseaux sociaux, les buzz n’existaient pas. Les maisons de disques créaient les artistes, il fallait se faire un nom ou disparaître à jamais. Calbo, rappeur mythique de cette génération de l’âge d’or du rap français, vous dévoile l’envers du décor dans un livre incisif, drôle et vrai. « Au lieu de laisser les bouches déblatérer des approximations sur mon histoire, je fais le pari de te partager ma vérité : les dessous de la création d’ärsenik et Bisso na Bisso, le fameux TchTch, le 6e chaudron, les Crocos, le Secteur Ä, le retour au Congo, la rencontre avec Nelson Mandela, des anecdotes, des trahisons, des rires, et l’amour du public. »
Résumer 20 ans de carrière, c’est le pari tenu par Calbo dans son premier livre Quelques gouttes de plus publié aux éditions Mindset. Le titre choisi par le rappeur rend hommage aux deux albums du groupe mythique ärsenik (Quelques gouttes suffisent et Quelque chose a survécu) qu’il forme depuis 1992 avec son frère Lino. Également membre du collectif Secteur Ä et du groupe Bisso Na Bisso, ce livre est l’occasion pour l’artiste de raconter sa vérité sur son parcours incroyable depuis sa jeunesse à Villiers-Le-Bel.
Un récit intense et passionnant sur les dessous de l’âge d’or du rap français, préfacé par Akhenaton (IAM) postfacé par Mystik.
Biographie :
Calbo, la deuxième goutte du groupe mythique Ärsenik qu’il forme avec son frère Lino depuis 1992, membre du collectif secteur Ä (d’où le A de Ärsenik), est originaire de Villiers-le-Bel.
Premier fait d’armes avec son frère, le légendaire titre « Ball-Trap » sur la compilation « L’art d’utiliser son savoir » publiée en 1995. Par la suite, Kenzy manager du Secteur Ä les intègre au collectif. Ils apparaissent en 1996 sur la compilation Hostile HIPHOP avec le titre « L’enfer remonte à la surface » et plus tard sur la compilation L432 avec « Rimes et châtiments » en 1997 année au cours de laquelle ils rencontrent Djimi Finger qui réalisera 15 des 16 titres de leur premier album sorti en 1998 « Quelques gouttes suffisent », certifié double disque d’or. Le deuxième album du groupe « quelque chose a survécu » sort en 2002 et sera également certifié double disque d’or.
En 1999 avec d’autres rappeurs d’origine congolaise, ils forment le groupe Bisso Na Bisso sur un morceau contre les guerres au Congo Brazzaville. Le groupe sortira deux albums : Racines en 1999 double disque d’or et Africa en 2009.
En 2000, il forme avec son frère Lino, Pit Baccardi, Neg’Marrons, Mc Janik le groupe Noyau dur, collectif de mentors du secteur Ä qui sortira l’album Héritage en 2005.
En 2021, il pose sous son nom Calbo sur deux extraits de l’album de Jul Le Classico orgnisé.
À présent, Calbo prépare un album solo.
Extraits :
« L’album est sorti en 1998 à coups de grosse annonce à la Fnac, avec une pression qui ressemblait au jour de la naissance de ton premier enfant, quand tu comptes ses pieds et doigts, tu n’es sûr de rien, c’est tout nouveau. À ce moment-là, on ne pouvait qu’observer les événements parce qu’on n’y connaissait pas grand-chose et on ignorait ce qui allait se passer. D’autant qu’on vivait toujours au 6e chaudron.
La veille de la sortie, je te promets que je me suis demandé : “Pourquoi des gens vont se lever le matin et se dire : ‘Tiens, je vais aller m’acheter le CD de ces deux gars de Villiers-le-Bel !’ ?” Pour moi, il n’y avait aucune logique dans cette action, c’était improbable. Le cerveau ne voulait pas imprimer. Malgré tout le taf accompli, les interviews, les compilations, les prestations en radio, le temps passé à écrire, les tonnes de freestyles et de morceaux, je m’interrogeais, tout simplement parce que, pour nous, ce n’était que du kif. Alors, prédire si oui ou non, Quelques gouttes suffisent serait disque d’or, soit 100 000 exemplaires vendus, et s’écoulerait à plus de 400 000 exemplaires, impossible ! Comme tu peux le voir, j’étais loin, très loin, d’imaginer ce qui allait se produire en si peu de temps.
S’est annoncé aussi le temps des tournages de clips. Pour le tout premier, “Boxe avec les mots”, on était en plein apprentissage de notre métier d’artiste. Quand on nous a prévenus qu’il allait falloir tourner trois clips minimum, perso, je n’étais pas prêt. Vu les moyens qui étaient prévus pour le tournage, j’ai vite compris qu’un jeune groupe en développement n’avait pas droit tout de suite aux hélicoptères, figurants, feux d’artifice et éclairages des grosses productions. Il a donc fallu faire chauffer la boîte à idées. Comme d’habitude, on a choisi de faire simple et efficace. Pour la lumière, une ampoule a suffi en plus de l’éclairage caméra. Le scénario, tranquille, pas de prise de tête, on a appelé tous les potos du quartier et des membres du Secteur Ä. Dans ce clip, on peut donc voir Stomy tabasser la caméra. Il kiffait
tellement ce morceau que pour rien au monde il n’aurait voulu manquer le clip. Doc Gynéco, lui, avec sa fameuse phrase : “Si le rap part en couilles, je lui prête mes boules”, apporte au refrain et aux images sa zénitude légendaire. Chico, son manager, est également présent. Ainsi que Kenzy, portant une magnifique chemise hawaïenne rouge qui deviendra sa signature dans tous les clips suivants.
On découvrait l’ambiance particulière de ce tournage. Les images ont été filmées dans une sorte de cave, ce qui ne nous changeait pas beaucoup du quartier d’ailleurs, il était donc facile de s’adapter. Mais après le “OK, ça tourne !” répéter le morceau plusieurs fois, c’était dingue. Et comme pour la pochette, là aussi on s’est occupé du styliste. Je te laisse deviner ! Tenues Lacoste exigées et le tour était joué. Survêtements, polos, chemises, sweats, casquettes. Une vraie publicité pour la marque. Une invasion de crocodiles ! Je crois que c’est à cause de ce clip que les quartiers sont tombés accros à la bête.
Avec le frangin, on avait l’impression qu’on avait toujours fait ça. Ça rappe, ça boxe. Pour le jeu d’acteur des frères du bloc, la note artistique reste plus mitigée. Mais ça, c’est normal, tout le monde n’est pas fait pour se trémousser devant une caméra. D’ailleurs, en visionnant le clip, tu verras parfois vite fait des gars en 3/4 cuir, debout, là, sans bouger, personne ne sait pourquoi ils sont là, mais ça passe ! À la fin de la journée, c’était dans la boîte. Au montage, il restait à y intégrer deux ou trois effets spéciaux, vite fait, et bim ! Le clip est sorti et a été diffusé partout. Le morceau bombardait sur Skyrock, ADO, Génération, etc. Le poison prenait son envol avec un premier extrait de son album coup de poing.
En quelques semaines, alléluia ! 100 000, 200 000 puis 400 000 albums vendus ! 400 000 personnes prêtes à écouter deux mecs de Villiers-le-Bel ! Merde ! Là, ça commençait à piquer le cœur. On entendait notre nom et des TchTch partout. Quant aux dirigeants de la maison de disques, ils arboraient un sourire non-stop. Les escaliers étaient devenus escalator. Les portes battantes, des haies d’honneur, partout où on passait. »
« Il nous restait à enregistrer le dernier morceau, celui qui deviendra le tube, l’hymne de Bisso, le morceau “Bisso na Bisso”.
C’est ce genre de morceau écrit en speed après un mois de studio, de réflexions, de fatigue, de perpétuelle créativité. Ce morceau réalisé en ayant l’impression d’avoir épuisé tous les concepts et notre imagination. Le fameux dernier morceau d’un album qui nous a pris un mois de nos vies non-stop.
Ce jour-là, après un tel séjour, tout le monde veut abréger le marathon et rentrer à la maison. Chacun cherche de multiples raisons pour ne pas être sur ce dernier titre. On entendait des : “Mais t’inquiète, on a ce qu’il faut !” Alors, comme souvent en comité, une idée surgit, celle de faire un morceau sans prise de tête, dans lequel chacun parle d’un membre du groupe sur huit mesures et basta ! L’idée est passée et l’enregistrement assez rapidement bouclé. Passi parle de Calbo, les 2 Bal de Lino, Mystik de Benji, etc. Sur une musique de Djimi Finger, encore lui ! Une fois fini de poser les couplets, l’ambiance était à celui qui se tire le plus vite. Tout le monde était à bout. Moi-même je ressentais une surdose de studio, de son, marre de voir leurs gueules de Congolais, je voulais rentrer chez moi.
Le problème, c’est qu’il n’y avait pas de refrain sur le morceau et plus de carburant dans le moteur. Système D oblige — on est quand même des artistes, depuis le temps ! —, on décide alors de tous se mettre autour du micro dans la cabine et de se crier en écho et en cœur “Bisso Bisso Bisso, Bisso, Bisso, Bisso na Bisso !” Tout simplement. Bien sûr, les artistes comprendront que le jour de la grande écoute de ce bel album aux multiples morceaux, réfléchis, conceptualisés, c’est le morceau “Bisso na Bisso” qui a été choisi comme premier
single. Le fameux morceau qu’on a fait avec l’envie de se tirer à la baraque, au refrain vite fait bien fait, qui a fait l’unanimité en radio et maison de disques ! Comme d’habitude.
Heureux d’avoir fini ce projet intitulé Racines, l’album est sorti. Album qui nous tenait tous à cœur et qui avait à la base pour ambition de réagir aux conflits dans notre pays et ambiancer les nôtres. La cible était donc, comme on dit, “communautaire”. Quelle ne fut pas notre surprise de voir le succès fulgurant du morceau puis de l’album de Bisso na Bisso ! Le rêve du Zénith plein devenait jour après jour, à coup de ventes d’albums, quelque chose de plausible. Nous nous étions réunis en collectif, entre Congolais, pour faire une sorte de We are the World, sans véritablement mesurer l’impact de ce projet artistique inédit. Tout se dévoilait sous nos yeux incrédules.
Fort du succès de l’album, Bisso na Bisso est devenu un groupe à part entière non seulement adoré au Congo, mais aussi sur l’ensemble du continent africain, en France, Belgique, Suisse, Canada… Partout le public chantait, sautait en scandant ce refrain simple, mais efficace “Bisso na Bisso !” Une fois encore, le destin nous jouait la carte du “Faites et voyez après”. »
Éditeur : Mindset éditions
ISBN : 9782492761133
Tarif : 11.90 €
Tarif e-book : 9.99 €